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de l'R et des L
27 avril 2008

"L'Elégance du hérisson" par Muriel Barbery

On a tellement entendu parler de ce livre... que je n'en écrirai pas grand chose. Je ne vous surprendrai pas en disant que j'ai beaucoup aimé, et donc je me devais d'en écrire quelques lignes. Quand j'ai commencé à lire ce bouquin, je bossais tous les soirs dans un musée pour un spectacle jusque tard et je l'emmenais avec moi, il est passé entre les mains de tous mes collègues (voilà comment on fait de la publicié passive...) et je l'ai terminé d'une traite chez mes grands-parents dans la Creuse. Il s'adapte à tous les paysages dans mon coeur de parisienne.

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L'Elégance du hérisson est passé inaperçu pendant quelques mois, jusqu'à ce qu'il reçoive le "prix des libraires" en 2007. Ensuite, il n'a cessé de figurer dans les meilleures ventes. Une découverte Gallimardienne. Un magnifique paradoxe.

Des clichés qui tendent à être cassés, qui d'après moi n'en sont que renforcés. La concierge portugaise qui cherche à rentrer dans "ce qu'elle se doit d'être" alors que, apparemment contre toute attente des riches demeurés du 6ème, elle est supérieurement intelligente et cultivée. Et la petite fille de l'immeuble, fille de ministre, intelligente aussi, qui a le projet de se suicider car elle est révoltée par les "rigidités sociales" et ne voit, pour s'en affranchir, que cette alternative. Des clichés à la limite du ridicule, ridiculement renforcés, un style magnifique, des belles morales... Voici le paradoxe.

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Renée et Paloma vivent toutes les deux dans l'observation décevante du monde qui les entoure ; l'une s'y résigne, l'autre préfère se tuer et travaille sur les mémoires qu'elle laissera. Côté philosophique sur le sens profond de l'existence, à aller chercher bien loin dans un quotidien insipide, ou justement dans l'essence même de ce quotidien. Puis, un jour, la rencontre avec un nouveau voisin, japonais, Kakuro, qui va changer leurs vies à toutes les deux, dans le sens de la découverte de la beauté dans le monde, et particulièrement la beauté des sentiments, les émotions humaines, le trésor d'une rencontre inattendue. Aller au-delà des préjugés, ne pas se laisser envahir par ceux qui fusent de tout côté.

Des phrases très très bien tournées, un style solide, personnel, percutant, captivant, des personnages un peu flottants, qu'on a du mal à cerner au-delà du fait qu'ils sont le contraire de ce que l'on est censés penser qu'ils sont... Au début du roman, c'est Paloma que je préfère, ses remarques et ses descriptions si justes, ensuite Renée devient le centre, et la beauté du roman. Dans sa foi soudaine en la vie et ses surprises, la tentative sincère de surmonter ses vieux fantômes, se dire que peut-être l'amour est une valeur supérieure qui va plus loin que beaucoup de conventions...

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Je voulais dire un mot sur la fin du livre, qui d'après moi est une manière pour l'auteure de contredire tout ce qu'elle a eu à coeur de démontrer, mais je ne dirai rien. Son succès est mérité, je le pense. Voilà je n'en ai pas dit grand chose. Mais il vaut le coup, ne serait-ce que pour ses jolies morales : ne vous fiez pas aux apparences et la vie peut toujours, toujours apporter des surprises, même quand on ne s'y attend plus.

Une phrase que j'ai noté dans mon agenda : "La faculté que nous avons de nous manipuler nous-mêmes pour que ne vacille point le socle de nos croyances est un phénomène fascinant."

<<>><<>><<>><<>><<>><<>><<>><<>><<>> images : le blog de Muriel Barbery <<>><<>><<>><<>><<>><<>><<>><<>><<>>

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Commentaires
M
"Ne pas se fier des apparences". Je pense que c´est ce que veut dire ce livre. Alors, le passage óu l´on parle de Sophie la cousine de Paloma qui a le sindrome de down? Je pense que ces personnes sont aussi mal jugée socialement. Mon fils a 16 ans, il est trisomique, il est en seconde au lycée, fair du téatre, de la natation,étudit le français (nous vivons en Espagne) car la France est aussi un petit morceau de lui (Je suis née en France et j´y ai vecûs jusqu´à mon adolecsence). Il cherche une place dans ce monde qui lui appartient aussi. Les préjugés sont trop souvent un obstacle qu´il est décidé a surmonter mais ce n´est pas toujours facil. Alors cette image qui ce donne sur ce livre des personne avec le sindrome de down n´aide certaine pas mon fils. Mais enfin, la dérniere phrase de roman es: "la beauté du monde", il faudra, alors, donner plus d´importance effectvement a "la beauté du monde", qui est toujours lá...
M
J'ai également beaucoup aimé ce livre.<br /> Son écriture est un vrai plaisir et Muriel Barbery a même réussi à me faire rire, c'est chose rare pour un livre !
S
Quoique ton billet joue allègrement (malicieusement) de l'implicite, je suis d'accord avec ta perception de ce roman.<br /> "Ne pas se fier aux apparences", phrase dont les deux personnages principaux jouent avec un plaisir quelque peu malin, est aussi leur piège, parce qu'elles non plus ne sont pas du tout ce qu'elles pensent être, bien au contraire...
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